Peinture de Julius HUBNER
Voici l'un de mes poèmes...
Mélusine
Blanche douce
Nymphe des eaux
Parmi les feuillages
Tu sors du ruisseau
Tes mains telle une caresse
Ta douceur tel un appel
Affreuse beauté
Divine atrocité
L'amour trahi
N'a de place
Que dans l'oubli
Nadia Berto
La Légende de Mélusine :
Raymondin, neveu du Comte de Poitiers et fils du Comte de Forez, tue accidentellement son oncle en forçant un sanglier féroce. Aveuglé par la douleur, il chevauche dans la forêt et à minuit, rencontre à la fontaine de Soif (ou « fontaine faée ») trois femmes dont Mélusine.
Elle le réconforte et lui propose de l'aider et de faire de lui un très puissant seigneur, à condition de devenir sa femme. De plus, elle lui fait jurer de ne jamais chercher à la voir le samedi. En gage, elle lui offre deux verges d'or qui « ont moult grand vertu ».
« La prospérité comble le couple. Mélusine en est l'artisan très actif, défrichant et construisant villes et châteaux forts, à commencer par le château de Lusignan. Ils ont aussi beaucoup d'enfants, dix fils dont plusieurs deviennent rois par mariage, tel Urian, roi de Chypre, Guion, roi d'Arménie, Renaud, roi de Bohême. Mais chacun a une tare physique au visage, comme Geoffroy à la grande dent, le sixième.
Jean d'Arras s'étend sur les prouesses de ces fils, notamment sur leurs combats contre les Sarrasins. »
Cependant, un samedi, alors que Mélusine et Raymondin vont à Mervent, le comte de Forez, frère de Raymondin, leur rend visite et s'étonnant de l'absence de Mélusine, l'accuse de déshonorer son mari ou d'être « un esprit faée ». Aveuglé par la colère et la jalousie, Raymondin perce de la pointe de son épée la porte de la salle où sa femme est enfermée et la voit en train de se baigner dans une grande cuve de marbre « qui estoit jusques au nombril en figure de femme et pignait ses cheveux et du nombril en aval estoit en forme de la queue d'un serpent ».
Comme il garde le secret de sa découverte, Mélusine peut encore rester avec lui comme avant. Raymondin, empli de remords, chasse son frère en le menaçant et disculpe Mélusine.
Peu après, Geoffroy à la grande dent brûle l'abbaye de Maillezais et son frère Fromont qui était moine. Raymondin, furieux, s'emportant contre Mélusine, lui reproche publiquement d'être « une très fausse serpente » responsable des tares et des méfaits de sa progéniture.
Mélusine, dont la nature est dévoilée, doit quitter le château. Après des adieux émouvants et des recommandations prophétiques (don d'anneaux), elle s'envole par la fenêtre, se mue en serpente et va survoler la tour poitevine de Lusignan en poussant des cris déchirants. Elle reviendra pour s'occuper de ses enfants nuitamment et à l'insu de tout le monde (exepté les nourrices) et pour annoncer, trois jours avant, la mort d'un des siens.
Désespéré, Raymondin se fait ermite à Montserrat. Quant à Geoffroy, il rebâtit Maillezais après s'être confessé au pape.
Extrait de La Fée Mélusine au Moyen Age,
Françoise Clier-Colombani, édition Léopard d'Or, 1991, page 12.